INTERVIEW – Monsieur F. – ENTREPRISE EIFFAGE GC – Par les facilitateurs de la M2IE et la Ville de Torcy intervenant sur le bassin d’emploi de Marne-la-Vallée.

1 - Depuis combien de temps appliquez-vous la clause ? Sur combien de chantier(s) ?

C’est le 3ème chantier sur lequel j’applique la clause sociale.
Pour le 1er chantier (remplacement d’un passage à niveau par un pont-rail), pour lequel il y avait environ 4000 H d’insertion.
La principale problématique de ce chantier était la mobilité des candidats.
Pour un des candidats qui a réalisé un parcours de 13 mois, il lui a été proposé de poursuivre, en mission d’intérim, sur un autre chantier.
Pour le 2nd chantier (construction d’un château d’eau de 45 m de hauteur), pour lequel il y avait environ 4000 H d’insertion, un jeune a travaillé sur un poste de manœuvre pendant un mois.
A la suite de cette première étape, au vue de sa capacité d’adaptation et de sa motivation, il lui a été proposé un poste de coffreur sur l’outil le plus spécifique du chantier, et ce jusqu’à la fin du projet.
Pour le 3ème chantier, construction du Centre aquatique de Champs-sur-Marne, avec environ 14000 h d’insertion, une réflexion sur un autre type de profil a été menée et aboutie à la création du poste de l’assistante administrative de chantier.

Un poste important sur le chantier, qui permet d’avoir un appui et un suivi au plus proche de la réalité du chantier.

Deux belles expériences sur ce chantier et une découverte :

  • Le poste d’assistante administrative.
  • Un compagnon, affecté dans un premier temps à la réalisation des pieux puis du béton projeté et des missions de terrassements, a poursuivi sur le chantier sur la phase Génie Civil et des missions spécifiques qui demandent de la précision et de la régularité. A ce jour, pour l’encourager, la valorisation de son salaire est à l’étude !
  • La découverte a été la prise de poste d’agent de trafic par une femme.

2 - Comment vivez-vous la mise en œuvre de la clause sur vos chantiers ? Est-ce une surcharge de travail ?

La mise en œuvre de la clause d’insertion demande une phase de préparation qui ne doit pas être négligée et qui permet une bonne miseen œuvre et fluidité.

3 - Est-elle vécue comme une contrainte ? Pour vous?  Votre équipe ? Pour les entreprises ?

Les équipes sont fières d’accompagner les compagnons motivés, et avec une envie d’apprendre, dans leurs parcours d’insertion.

4 - Quelle différence faites-vous entre une ETT et une ETTI ?

Il me semble que les ETT classiques vendent des CV et font du quantitatif pour avoir un maximum de personnes sur le chantier quand les ETTI font plutôt du qualitatif et accompagnent leurs candidats.

5 - La mission du facilitateur a-t-elle modifié votre vision de la mise en œuvre de la clause ? Qu’attendez-vous du facilitateur ? La mission du facilitateur est-elle identique sur toutes les opérations ?

Le rôle du facilitateur dans le Hauts-de-France ou en Seine-et-Marne n’a pas changé ma vision de la mise en œuvre de la clause.
C’est un appui indispensable qui permet d’avoir un contact pour corriger les difficultés du moment et de rebondir dans un délai court. ACTION/REACTION

6 - Avez-vous le sentiment que le public en insertion pose plus de difficulté d’intégration que le public que vous recrutez par vous-même ?

Le public en insertion ne pose pas plus de difficulté que les candidats embauchés hors insertion.

7 - Pensez-vous que la clause d’insertion puisse être une réponse à la gestion de vos ressources humaines ?

Oui, la clause répond largement à la gestion de nos ressources humaines.
L’exemple de l’assistante de chantier en est la preuve et sera potentiellement reconduite sur d’autres chantiers.
Un lien important et nécessaire avec les équipes du chantier pour les tâches administratives et les suivis de chantier.
Ce poste soulage l’encadrement sur place (suivi des heures des équipes/tâches, suivi matériaux, rédaction des bons de commandes).
La présence de l’assistante sur le chantier est évidemment un plus pour appréhender les besoins et les priorités sur le chantier ; ce qu’une assistante à distance, au siège, a plus de mal à faire.

8 - Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, pensez-vous que l’insertion doit permettre d’ouvrir des opportunités sur des postes qualifiés et pas seulement sur des postes de manœuvre ou d’agent d’entretien ?

Oui, la pénurie de profils qualifiés est présente et les recrutements sont compliqués : poste de coffreur bancheurs, poste d’assistante administrative de chantier (très technique et très spécifique).

9 - Pensez-vous qu’il est souhaitable de « féminiser » la clause en recrutant plus de femmes en insertion dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ?

Le poste  d’agent de trafic est un bel exemple de féminisation.
La féminisation des postes dans le génie civil serait la bienvenue car ces missions demandent de la minutie et un niveau de qualité plus accessible aux femmes. EIFFAGE joue le jeu de la parité et a sur ses chantiers par exemple des femmes conductrices de grue à tour, ces femmes dirigent le chantier en binôme avec le chef de chantier et permettent d’aider à la féminisationdu domaine.
Sur les chantiers, pour certaines missions encore un peu physiques cela reste encore compliqué parfois, même si les métiers du bâtiment évoluent et demandent de moins en moins d’être « un costaud » du fait de l’arrivée de nouvelles techniques et outils.